Avec François-David Sebbah, professeur de philosophie contemporaine, Université de Technologie de Compiègne.

Cette conférence est présentée par le Département de philosophie de l'Université de Montréal.

Veuillez noter le jour et l'heure inhabituels de la conférence.

Résumé : Lyotard a beaucoup lu Levinas ; il a été l’un des premiers à le lire rigoureusement et le rapport qu’il a noué avec l’œuvre de Levinas a compté de manière décisive dans l’élaboration de son œuvre propre. On peut être frappé, à la lecture de ces textes, par la volonté de Lyotard d’entendre en un sens exclusivement la Loi dans Levinas. Et ce au point de faire de Levinas, ce par rapport à quoi ce dernier marqua explicitement un désaccord, un « penseur juif ». On peut signaler aussi que, consacrant un texte au « visage », Lyotard ne dit pas un mot de Levinas qu’il lit par ailleurs si précisément et tant. Dans l’ « oreille » de Lyotard, Levinas n’est qu’ « oreille » convoquée, obligée. Et tout se passe comme si cela impliquait de mettre de côté l’ « œil » lévinassien. « Mettre de côté » (et il faudra préciser ce geste)  l’œil – c’est-à-dire en un sens le phénoménologique comme tel ; se détourner du coup de l’inscription sensible ; de l’ « incarnation » tant au sens phénoménologique qu’au sens chrétien. Le « Levinas » de Lyotard n’est ni du côté du « visage » ni du côté de l’ « amour ». Bien sûr la question du rapport au phénoménologique d’un côté, et celle du rapport au christianisme de l’autre, se recoupent sans pour autant coïncider en quelque manière que ce soit.   Faisons l’hypothèse que cette lecture « radicalisante » et en un sens mutilante de la pensée lévinassienne, est aussi éclairante, permet d’entendre quelque chose des enjeux de cette pensée qu’on n’entendrait pas autrement.