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Influences étrangères : la philosophie et la circulation du savoir dans l'antiquité

Les anciens étaient-ils racistes ?

Les anciens étaient-ils racistes ? Ce colloque soulèvera sans détour cette question cruciale. Même si le concept de « races humaines » appartient à la modernité, il est manifeste que Grecs et Romains refusent à leur manière d’admettre la diversité culturelle, et divisent l’ensemble de l’humanité en deux groupes inégaux : le monde grec et le monde barbare considéré comme étranger à la culture (paideia).

Dans l’Antiquité, la « peur de l’étranger », la xénophobie, est une attitude universellement répandue (chez le peuple comme chez les élites). Les grands enjeux de la question du rapport à l’autre n’en ont pas moins été explicités et discutés : faut-il accepter l’étranger, l’intégrer avec ses différences ? Est-il au contraire préférable de l’assimiler, son intégration ne pouvant être réussie qu’au prix de l’abandon de sa culture d’origine ? À l’inverse, la préservation de son identité passe-t-elle forcément par le rejet, la rupture avec l’autre ?

Les anciens sont ambivalents à l’égard de l’autre : l’inconnu est perçu tantôt comme une curiosité, un élément exotique auprès de qui on peut éventuellement s’enrichir intellectuellement, tantôt comme une menace qui risque de mettre en péril son identité, voire comme une forme d’humanité inférieure car différente.

L’étude des perceptions de l’étranger dans l’Antiquité exige qu’on questionne aussi la conception du monde qu’elle engage : comment se représente-t-on l’espace habitable (oikoumemè) ? Quelle partition l’organise ? Avec l’émergence de la géographie, l’étranger, et plus encore le barbare, est d’abord celui qui vient d’un ailleurs spatialement déterminé. C’est avec la politisation (contemporaine des guerres médiques opposant les cités hellénophone à l’empire perse) que l’étranger, quand il est non grec, acquiert une connotation péjorative. Il devient alors l’ennemi, contre lequel et à partir duquel, les Grecs se découvrent une identité commune aux fins d’une résistance militaire, politique, économique et culturelle au sens large.

Toutefois, l’attitude de défiance, voire de rejet, qui encourage la diffusion de stéréotypes négatifs sur l’étranger, est contrebalancée par une circulation des connaissances qui se traduit notamment par une interaction riche et continue entre Grecs et non Grecs. Les voyages, les échanges, le commerce, mais aussi les séjours que faisaient à l’étranger philosophes et scientifiques enrichissent les connaissances théoriques, techniques, et permettent l’accroissement de la science et de la sagesse. Ils agissent aussi parfois comme un révélateur sur les usages et coutumes des Grecs et des Romains : on en apprend sur soi en rencontrant l’autre. 

Le but de ce colloque est de mettre en évidence la diversité des attitudes des Anciens à l’endroit de ceux qui ne sont ni Grecs ni Romains, depuis de multiples perspectives (historique, philosophique, médicale, littéraire et épistémologique). Il s’agira aussi de questionner à quel point nos origines gréco-romaines sont redevables d’un rapport riche envers les sources étrangères de savoir ? Soulever cette interrogation revient à penser en de meilleurs termes combien notre propre identité contemporaine est indissociable d’un rapport constant avec l’étranger et de son legs à notre culture.


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Laetitia Monteils-Laeng

 

Lieu :

24 Oct. : Salle C-2059 - Carrefour des Arts et des Sciences (Pavillon Lionel-Groulx).

25 Oct. : Salle 0028 (Pavillon Aménagement) 

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